L'argument : Il y a 70 ans, les ordonnances promulguant les champs d’application de la sécurité sociale étaient votées par le Gouvernement provisoire de la République. Un vieux rêve séculaire émanant des peuples à vouloir vivre sans l’angoisse du lendemain voyait enfin le jour. Le principal bâtisseur de cet édifice des plus humaniste qui soit se nommait Ambroise Croizat. Qui le connait aujourd’hui ? 70 ans plus tard, il est temps de raconter cette belle histoire de « la sécu ». D’où elle vient, comment elle a pu devenir possible, quels sont ses principes de base, qui en sont ses bâtisseurs et qu’est-elle devenue au fil des décennies ? Au final, se dresseront en parallèle le portrait d’un homme, l’histoire d’une longue lutte vers la dignité et le portrait d’une institution incarnée par ses acteurs du quotidien.
Le vieil homme, récemment disparu, est resté engagé jusqu’au bout. Ici, on le voit défendre le modèle auquel il a contribué avec d’autres, devant une assemblée d’étudiants, à l’Ecole Nationale Supérieure de la Sécurité Sociale. Il s’étonne que le nom d’Ambroise Croizat, ministre du Travail dans le premier gouvernement de l’après-guerre, le père spirituel de la "sécu", ne soit pas mentionné au sein même de l’établissement, alors que celui du haut-fonctionnaire Pierre Laroque, un gaulliste sous les ordres de Croizat, donne son patronyme à un amphithéâtre. Malicieusement, le vieil homme subodore que cette oblitération dissimule un sentiment anti-communiste. L’économiste Bernard Friot va plus loin, qui parle de "révisionnisme" de la classe dirigeante. Le documentaire rappelle que l’homme politique eut pourtant des funérailles hugoliennes : un million de personnes suivit son cercueil !